Mesdames et messieurs... Le Poudlard Express!!

1830 marque l'arrivée du cheval à vapeur dans le monde sorcier. Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ? Disons que les sorciers n'ont jamais été à l'avant garde de la technologie et n'en parlons plus.
Voie 9 3/4, indiquait l'invitation que tous le personnel de Poudlard avait reçu en plus de l'obligation de se joindre au convoi des élèves.

Zeldina, son invitation dans une main et sa valise dans l'autre, déambuait, nez au vent, dans la gare à la recherche de sa destination.

Soudainement, elle s'arrêta au milieu du passage et, dépitée, s'exclama les bras levés:

- Tu es perdue, voila tout ! Aucune honte à l'avouer.

Le cheval à vapeur. Cheval? Certes, pourquoi pas. Mais elle préférait ce noble animal à cette machine de fer, venue du monde des moldus. Ils avaient parfois un sens pratique il fallait l'avouer. Mais cette idée de venir en train, alors que depuis des années, voir des siècles, les sorciers venaient par des moyens bien plus pratiques et plus "orthodoxes", sorciers quoi.

Mais Nelwyn se pliait à cette demande de sa direction. De toute façon, elle n'avait guère le choix et elle se plierait, non sans bonne grâce, à ces retrouvailles sur le quai de la gare.

Nelwyn arriva au dernier moment, trainant derrière elle son elfe de maison affabulé de ses valises et autres malles.

-"Dépêche toi, que je trouve place dans cette machine."

La petite créature suivant sa maitresse ne cessait de trébucher et de zigzaguer entre les sorciers présents sur le quai. Elèves, parents, personnels de Poudlard.

Au milieu, une sorcière au cheveux de couleurs bouchait le passage et empêchait Nelwyn de passer.
D'un ton un peu sec, Nelwyn se stoppa net et demanda

Serait-il possible de pouvoir joindre ce chariot de fer sans que vous nous empêchiez de le rejoindre?

Son regard sombre se posa avec un certain dédain non dissimulé.

Perdue au milieu de la foule, Zeldina commençait à remarquer des détails intéressants. Les personnes qui l'entouraient n'avaient rien des moldus affairés qu'on croisait généralement dans ce genre de lieu. Au contraire, elles avaient tous des sorciers colorés et chaotiques qui se retrouvaient après deux longs mois de séparation.
Cette réalisation faite, elle souffla de soulagement et éclata de rire. Elle n'était pas perdue, elle se trouvait exactement à l'endroit prévu!!

Ce moment de liesse fut rapidement interrompu par une voix venue de sa gauche. Une pimbêche lui offrait son regard le plus dédaigneux accompagné d'une remarque passive agressive parfaitement injuste.

Après un instant de pause circonspecte, Zeldina lui présenta toute la place à sa droite puis toute la place à sa gauche.

- Suffit de me contourner.

Le monde, toutes ces personnes grouillant si et là, s'affairant pour une chose: prendre la machine de fer. Nelwyn avait déjà une aversion pour tout ce qui pouvait être un regroupement d'une multitude de personnes aussi diverses que variées. Elle était servie. Ce vol d'abeilles en désordre avait quelque chose de pas normal et encore moins naturel.
Mais en plus, quand un obstacle venait se glisser dans ce rouage très imprécis, c'était le pompom.
Taratata! Ce n'était pas cette ... cette.. quoi au juste!! Mais quel accoutrement. Nous n'étions pas au moment du mois du carnaval où un peu de frivolité et de folie étaient de mise. Mais là, c'était la rentrée à Poudlard. Des cheveux rose...
Son regard bleu glaciale et son ton sec prirent place sur son visage de glace

-Mais bien sûre, je vais vous contourner. Vous allez aussi dire la même chose aux pauvres porteurs de valises et malles.

Bien sûr Nelwyn se parlait pas de son elfe de maison et se moquait d'autant plus des employés de la gare. Mais qu’importe! Par principe. Quel manque d’éducation et de savoir vivre.

-Mais la moindre des politesses serait de vous excuser auprès de ses pauvres malheureux.

La professeure de métamorphose reprit son chemin en faisant un signe de main à son elfe de reprendre son entrain. Un mouvement sur le côté, une femme se levant, attira son regard. Anya Villanelle. D’un petit air un brin suffisant, Nelwyn haussa un sourcil.

-J’espère que le spectacle est plaisant ?

A coup sûr, sa consœur en défense contre les forces du mal trouverait à redire.

Durant ses deux années d'enseignement à Poudlard Anya avait, comme partout ailleurs dans sa vie, cherché à tromper l'ennui mortel que lui faisait parfois éprouver l'existence. Elle trouvait en l'absurdité et le déraisonnable un caractère délectable. Mais pas que.

A l'apostrophe de sa consœur, Anya se darda d'une moue mi-boudeuse, mi-rieuse.

Vous m'avez habituée à mieux, Nelwyn !  

L'attitude austère, traditionnelle et maniérée de sa collègue ne manquait pas de la faire sourire, bien que sa prévisibilité soit lassante.

Sa main s'ouvrit sur la jeune victime des remontrances du professeur O'Connor.

Je constate que vous avez déjà souhaité la bienvenue à notre nouvelle infirmière : mademoiselle Doudingue.
Mademoiselle Doudingue, je vous présente l'éminente professeur de Métamorphose de Poudlard : Mme Nelwyn O'Connor.
Et son elfe de maison : Bidule.

Il aurait été dommage de ne pas profiter de l'opportunité de provoquer les nerfs de Nelwyn, déjà mis à l'épreuve par cette inauguration.  

Un regard autour d'elle lui confirma ce qu'elle pensait. Les porteurs de valise et autres voyageurs ne se posaient pas plus de question que ça. S'ils s'énervaient de la trouver sur leur passage, ils n'en montraient rien et se contentaient de la contourner tout en cherchant leur chemin.

Cette femme était la seule à refuser obstinément de fournir cet effort. Butée ? Oui, et pas qu'un peu. En la matière Zeldina avec une tête elle aussi sacrément solide.

- La politesse, peuh! Vous m'y prendrez pas. C'est le premier pas vers l'hypocrisie et totalement contre ma philosophie.

Quand une seconde venue se fit connaitre, elle conserva son regard buté mais daigna soulever un sourcil interrogatif à son attention. Plait-il, semblait-elle dire.

- Et vous êtes ?

Nelwyn haussa les épaules et répondit avec dédain à Anya.

-Que voulez-vous. Soit je me lasse ou je vieillis ! Faites donc à votre convenance. Mais quoiqu’il en soit, je suis des plus ravies de voir que notre nouvelle infirmière place en haute estime et dans sa façon de voir l’hypocrisie. Nos élèves seront bien au soin avec elle. Peut-être que cela nous changera des idiots que nous avions auparavant.

Nelwyn fit signe à son elfe de maison de continuer sans elle, afin qu’il charge au plus vite ses malles et valises dans cette machine de tous les diables et qu’enfin elle puisse partir pour rejoindre Poudlard au plus vite.
Faisant un pas, la professeure de métamorphose se stoppe, et avec droiture :

-Je manque à tous mes devoirs. Je vous présente Anya villanelle, notre professeur contre les forces du mal.

Nelwyn regarda une fois de plus la nouvelle collègue fraichement arrivée en pensant qu’une fois de plus ce n’est pas cette année que les soins seront dispensés de façon correcte dans cette école. Aussi venue aussitôt repartir, voilà le lot des infirmières de Poudlard et cette doucedingue aux cheveux bariolés suivrait le même chemin que les autres. Une chance, Poudlard ne deviendrait un lieu de débauche et de déclin du statut de sorciers.

A l'entente de son titre, Anya se darda d'une jolie courbette.

Pour vous servir !

Il aurait été difficile de dire si elle se moquait, ou de qui.

Faisant fi de toute convenance, elle passa soudain son bras sous celui de Nelwyn, se fendant d'un grand sourire, et l'entraina malgré elle vers le quai.

Allons, mesdemoiselles ! En route vers le Poudlard Express. Il me tarde d'entendre le discours de notre cher directeur ...

N'entendant que ce qu'elle voulait bien de la réponse dédaigneuse d'O'Connor, Zeldina offrit son plus beau sourire aux deux femmes.

- Ah ça c'est sur, cette année devrait être intéressante. Quand on m'a proposé ce poste, je ne l'aurais refusé pour rien au monde. Pensez bien! Des centaines de coba... Euh, d'élèves à euh... Soigner.

De justesse, elle s'était empêchée de parler de cobaye et d'expérimentation.

- J'ai aussi entendu parler d'une forêt où on trouve des ingrédients rares. Je me vois déjà concocter des... euh... Remèdes surpuissants.

Surtout, ne pas parler de poisons. Perdue dans ces considérations de vocabulaire, elle se contenta de hocher la tête distraitement alors qu'on lui présentait la professeure de défense contre les forces du mal.

- Enchantée.

Par défaut, elle emboita le pas aux deux femmes. Même si elle ignorait encore si elle les appréciait ou non, au moins semblaient-elles savoir ce qu'elles faisaient. En lui suivant, elle avait considérablement moins de chances de se perdre qu'en restant seule.

Que dire de l’attitude d’Anya. Son bras atour d’elle. Ce contact. Ce n’est pas le genre d’attitude et de démonstration que l’on montrait dans sa famille. Dans son éducation stricte et tout dans le non montrer. Ne te plaint pas et ne montre rien. Puis l’affection, c’est pour l’intimité, sa famille, qui aujourd’hui ne se résumait qu’à sa petite fille et sa tante qui s’occupait d’elle. Et même là, Nelwyn ne s’abaissait pas à ce genre de démonstration.

Délicatement, la professeure lui enleva la main, non sans un regard sans sourire. Cependant, Nelwyn continua à suivre cet étrange trio qu’elle formait avec ses consœurs de Poudard. Elle gardait dans un coin de sa tête les propos un peu étranges de la Foldingue, sans perdre de vue ses objectifs.

Arrivant devant le wagon réservé aux professeurs, Nelwyn sursauta au « lâché » de vapeur du cheval de fer.

« -Par Merlin, et nous devons rester là-dedans durant des heures. Pourquoi ne pas continuer à suivre ce que nous faisions avant : un portoloin ou la poudre de Cheminette. Suivre ce que font les moldus, cela nous perdra.»

L'air de rien, Villanelle ne perdait pas un mot, pas un regard ni un mouvement de la part de la nouvelle venue. Son opinion sur elle n'était pas encore arrêtée. La professeur de Défense appréciait peu la concurrence mais redoutait bien plus l'ennui. Peut-être trouverait-elle en Zeldina Doudingue une partenaire digne de ce nom. Ce qui, vraisemblablement, n'annonçait rien d'heureux...

Accrochée au bras de Nelwyn le temps d'un record personnel, elle lui rendit sa liberté sans protestation. Trop stimulée par le tumulte ambiant, elle en oublia même de lui adresser un clin d’œil provocateur. A son sursaut, en revanche, il lui fut impossible de ne pas lancer un regard complice à Zeldina.

Des heures en notre compagnie, chère Nelwyn ! s'exclama t'elle comme s'il s'agissait de la plus heureuse des nouvelles.
Je n'imagine pas meilleure opportunité pour cancaner sur l'origine des nouvelles règles de sécurité mises en place à Poudlard !

Tandis que les deux femmes discutaient, des voix s'élevèrent du bout du quai et des individus qui ressemblaient au premier abord à de simples familles sortirent des panneaux de leurs chariots. Alors qu'ils brandissaient leurs baguettes, des sons et des lumières en jaillirent et ils se mirent à scander des paroles tous en chœur.

- Non au train, oui aux portoloins !!

- Les moldus et leur vapeur, qu'ils retournent chez leur coiffeur !!

D'évidence, il s'agissait d'une manifestation anti-technologie moldue. Ce n'était pas la première fois que ce mouvement se faisait entendre.
Une femme, en particulier, se montrait plus virulente que les autres et tentait de prendre à partie les personnes qui passaient à ses côtés. Voyant qu'elle s'approchait dans sa direction, Zeldina posa la main sur la sacoche pendue à son côté.

"- Me voilà des plus ravies... Tout ce que j'aime."

Ironisa Nelwyn. Tout ce genre de blabla inutile était que pure perte de temps. Elle s'intéressait à ses confrères et consœurs que de loin, par pur politesse et parce qu'il fallait qu'elle soit à Poudlard. Le reste n'était que façade.

Nelwyn n'eut guère le temps de penser à plus que des brouhahas se firent entendre derrière elle. La jeune femme se stoppa dans sa montée du train et revint sur le quai face à ce qu'il semblait être une manifestation contre cette machine de tous les diables.

"-Le bon sens qui se mêle à une démonstration de la décadence du monde sorcier."

Nelwyn regarda avec mépris la foule qui arrivait vers elles. Une femme d'un certain âge, en tête, un regard hargneux, l'air véhémente se pointa devant les professeures. La main sur le côté, elle les harangua.

"-Si c'est pas une honte!! L'exemple que vous montrez à nos jeunes générations. Quel avenir pour nos enfants! Autant vivre comme des moldus. C'est ça que vous voulez!!! Honte sur vous! Honte!!"

Nelwyn recula d'un pas, manqua de tomber sur les rails, se rattrapa au bras de Foldingue en lui agrippant le bras.
Un brin agacée aussi bien par cette chute manquée que par le fait de se faire rouspéter par une parfaire inconnue qui pointe l'attention sur elle. Le groupe derrière la femme s'était tut et écoutait.

Nelwyn lança un petit regard glacial à la femme, les lèvres pincées elle décrocha entre ses dents un petite phrase dans un souffle.

"-Les enfants ne sont que le reflets de leur éducation. A qui relève la faute!"

Regardant autour d'elle, Nelwyn continua:

"-Et vous vivez déjà comme des moldus en vous montrant de la sorte!"

Villanelle, soudain transformée en supporter de Quidditch, oublia tout concept de modération et répéta de manière exagérée les mots de sa consœur :

BOUUUUUH ! Comme des MOLDUUUUUS ! avant de s'esclaffer de rire en pointant du doigt les manifestants.

Rire qui mourut instantanément dans sa bouche lorsqu'elle recouvrit son sérieux, comme si rien ne s'était passé.
Sans s'offusquer de couper la parole ni de parler en même temps que d'autres, elle fit porter sa voix suffisamment fort pour qu'on l'entende :

Votre vie est-elle si exempte d'intérêt que vous vous sentiez obligés de défendre une cause aussi insignifiante ?

Sa baguette sortie et l'air prête à en découdre, Zeldina se tenait aux côtés des deux autres professeurs mais restait silencieuse. Des personnes prêtes à défendre ce genre de position alors même que la ministre de la magie en personne devait faire un discours d'inauguration, ça ne lui disait rien qui vaille.

Pendant que la femme la plus virulente, habillée d'une grande cape violette, occupait toute l'attention, deux autres individus surveillaient les alentours et un troisième s'activait à l'abri des regards.

- Qu'est-ce que, commença Zeldina.

Mais c'était trop tard. L'homme brandit haut son bras puis le rabaissa avec vigueur. Il venait de projeter une fiole et son contenu à terre. Au contact de la potion, le sol se para d'une teinte irisée qui se propagea en cercles concentriques en partant du lieu de l'impact.

L'onde arrivée sous ses pieds, Zeldina se sentit glisser comme sur de la glace. Une potion de désacroche! Et les manifestants, eux, ne semblaient pas affectés. Tandis que tout le monde commençait à glisser, eux restaient bien campés sur leurs pieds.

- Accrochez-vous !

Un beau spectacle à voir, des marionnettes à qui on venait de couper les fils, désarticuler tentant de se raccrocher à un semblant de dignité. Mais il n'en était rien. Bien loin même et très vite comme une danse synchronisée, les sorciers touchés par la potion se retrouvèrent au sol dans un chant de cris, d'injures.
Et Nelwyn ne fut pas en reste. Les fesses au sol, la douleur dans le corps et son amour propre touché, la sorcière lâcha un juron retenu. Mais quel toupet, sapristi!

Avec ce qui lui reste d'honneur et de dignité, Nelwyn lissa le bas de sa robe et sortit sa baguette pour lancer un sort de stabilité à ses pieds. On ne les verrait pas plus longtemps, eux, et ses chevilles.

Le regard assassin, elle se releva et lança un sort aussitôt à ses deux consœurs. Il ne manquerait plus que par volonté de se relever, ses collègues se tiennent à elle et la refasse tomber. Ah il ne manquerait plus que ça.

Tanguant tout de même comme un bateau en pleine tempête, Nelwyn, piquée dans son amour propre, s'adressa à la femme à la cape violette, qu'elle connaissait. Une amie de sa mère. Une vieille sorcière qui cherchait la moindre broutille pour en faire une affaire de ministère. Par Merlin! Nelwyn n'aimait pas cette femme, qui serait dans quelques mois la première à se retrouver dans ce train et à en vanter les mérites. Quelle plaie ce genre de femme, car on l'écoutait, on la suivait. Elle savait parler, être et avait la prestance aussi bien physique qu'orale pour qu'on l'écoute. Mais au fond ce n'était qu'une commère juste bonne à remuer le fond d'un chaudron.

"-Et vous croyez que votre action et nous coller au sol empêchera ce train de partir? Les agents du ministère sont là et quoiqu'il arrive ce train partira."

Et Nelwyn n'en était pas plus heureuse, mais de fait de se trouver contre cette femme, elle en deviendrait presque une pro modernité.

"-Et la seule chose que vous faites c'est vous montrer en spectacle devant les élèves et pire retarder leur entrée au collège. Souhaitez-vous être le méfait de leur échec scolaire. c'est là le futur des sorciers."

Nelwyn souffla du nez, et presque en ayant la nausée, pâle, et posa son regard sévère et glacial sur l'ensemble de la petite communauté anti ferroviaire.

"-Et maintenant excusez nous, nous avons rendez-vous avec le Ministre."

Cherchant du regard l'arrivée de la Brigade de police magique, toujours en retard sur les méfaits. Des bons à rien.
Entre la foule, les gens au sol se relevant, retombant pour certains, d'autres paradant de sorts de lavement, de stabilité, de grimpette sur les chariots de valises... Un joli foutoir qui empêchait la venue de ces hommes.


(je m'arrête si je fais trop vous dites je piaffe. J'ai plus une idée pour la suite )

Alors qu'elle venait à peine d'achever sa phrase, Anya sentit avec surprise ses pieds se dérober sous elle. Sans grâce, son corps s'écroula à terre tandis qu'une exclamation pertinente s'échappait de ses lèvres :

Wooooooooooooooooooooooooow !

L'arrière de son crâne cogna le quai. Voilà qui venait définitivement asseoir sa soudaine impression d'ivresse.

Les yeux écarquillés, elle ne lutta pas jusqu'à sentir son corps se stabiliser de nouveau. Elle cligna des paupières avant de faire le point sur la baguette de Nelwyn, qui s'en prenait déjà de manière tout à fait inutile aux manifestants écervelés. Depuis quand les anglais s'abaissaient-ils à de tels concepts ?

Étourdie, elle se releva tandis que montait en elle une certaine euphorie. Villanelle dû contenir son envie de foncer sur la vieille à la robe violette en hurlant "bagaaaaaarre". Cela n'aurait pas été digne d'un poste de professeur de Poudlard, d'autant qu'un attroupement s'était formé autour de l'incident.

Tandis que sa collègue fraichement dé-guindée achevait sa tirade, une explosion retentit vers l'arrière du train et fit bondir l'assemblée. Anya sortit sa baguette.

Le moins qu'on puisse dire est que cette première de Poudlard Express ne passait pas inaperçue !

Échouée sur le sol comme un poisson hors de l'eau, Zeldina accueillie le sortilège de stabilité sur ses pieds avec un immense soulagement. Le monde tournait encore suite à sa chute mais elle se remit sur pied aussi vite.
Tandis qu'elle reprenait ses esprits et que sa consœur invectivait ses perturbateurs, une alarme s’alluma au fond de son cerveau. Quelque chose n'allait pas.

- Où sont les brigades magiques ? s'inquiéta-t-elle ouvertement.

Quand l'explosion se produisit, elle rentra la tête dans ses épaules et ce nouveau sujet d'inquiétude vint remplacer l'autre. D'où venait-elle ?

- Ce n'est plus drôle du tout.

Un coup d’œil vers les familles et les élèves qui l'entouraient lui confirma qu'elle avait raison. La panique commençait à se faire sentir et aucun représentant d'une quelconque autorité ne faisait mine de pointer son nez. Il fallait agir. Organiser la foule, donner des directives.

Mais une chose était sure, ce n'est pas elle qui s'en occuperait.
A Vilanelle:

- Vous devriez faire quelque chose. La situation va devenir hors de contrôle.

Un coup retentit derrière Nelwyn, qui en premier réflexe se baissa, sortit ensuite sa baguette en bois de frêne. Mais par Merlin et tous les druides, qu'est ce qu'il se passait encore. C'était déjà une torture d'attendre de monter dans ce maudit cheval de ferraille et voilà que Violette et ses amis continuaient à mettre une pagaille sans nom dans ce départ vers l'inconnu.

La potion commençait à monter au nez de la sorcière. Interdiction d'attaques de magie ou pas, sous peu elle les transformerait tous en fourmis pour danser ensuite une gigue enmerlinée sur le quai de la gare, qu'on se le dise.

Nelwyn serait ce soir à Poudlard, train ou pas. Un été déjà à perdre du temps. Et les brigades de police magiques, surement occupées à mettre à l'abri le premier ministre au lieu de s'occuper d’eux ! classique, et toujours la même chose, normal que le monde sorcier allait à reculons. Même pas capable d'organiser un départ de train. Ce fiasco ferait peut-être enfin changer les choses et un véritable Ministre arriverait enfin au pouvoir. Otaline Gambol n'était pas à la hauteur des attentes du monde sorcier. De la part des vrais sorciers. Une femme ministre... trop douce et tendre ! Radolphus Lestrange mérite bien mieux cette place, d'homme charismatique et prompt à donner ses lettres de noblesse à la magie et au monde sorcier.

"Qu'est-ce- donc !"

Une fumée s'élançait vers le haut du quai de gare, de plus en plus épaisse. Enfin, des agents de la gare s'affairaient à remettre de l'ordre dans ce joyeux bazar. Sortant de nulle part, baguettes à la main et costume rouge et noir. Aux couleurs du train. Original.

Nelwyn se retourna vers la dame violette et entre ses dents lui lança d’un ton méprisant et cassant.

« Votre petit manège aura des conséquences ! »

Et comme si de rien n'était, la professeur de métamorphose se retourna vers ses consœurs.

"-N'avons-nous pas un horaire à respecter?"

Si violette et ses amis voulaient continuer qu'ils viennent en découdre avec les professeurs de Poudlard.

Zeldina Doudingue a écrit:

Vous devriez faire quelque chose. La situation va devenir hors de contrôle.

Villanelle haussa deux sourcils en direction de sa collègue, en réponse à la cocasserie de cette remarque. Pourquoi diable empêcher l'anarchie quand celle-ci se présentait sans effort ?
Les yeux emplis d'espoir, elle tourna le regard vers l'origine de l'affolement, cherchant à en déterminer la cause exactes. Voilà qui était prometteur !

Anya commençait à se diriger vers l'arrière du train lorsqu'elle découvrit l'intervention des agents de gare. Déception. L'anarchie n'avait pas duré longtemps... Marmonnant entre ses dents avec dédain, elle souffla aux manifestants : Pffff ! Amateurs !

Tout en rangeant sa baguette, une moue de dépit affichée sur le visage, elle se contenta de trainer des pieds pour suivre Nelwyn. Comme pour se rassurer, elle glissa à Doudingue :

Vous verrez : à Poudlard, au moins, on sait générer l'aventure !

Le cou toujours tendu vers la foule qui commençait à s'apaiser, Anya suivi de mauvaise grâce Nelwyn et Zeldina dans le wagon de tête. Des Aurors venaient d'apparaître sur le quai de la gare, ce qui suffit à calmer définitivement les perturbations de cette inauguration. Mais rien n'était perdu ! Il restait à présent les longues heures de trajet dans les entrailles de cette curiosité moldue, qui ne manqueraient pas de réserver quelques surprises.

Un horaire à respecter ? Ce genre de concept dépassait de très loin Zeldina. Ce qui expliquait qu'elle soit infirmière et non professeure.

- Vous vous occupez de l'horaire, statua-t-elle, je m'occuperai des blessés.

Ce disant, elle lui emboita le pas sans discuter. Au moment de croiser les aurors et les agents de gare, elle se décala pour leur laisser le passage et les regarda s'activer comme s'ils étaient des bêtes étranges. Reprenant sa route, elle manqua percuter un élève.

Avec de gros yeux, elle lui désigna l'entrée du train du menton:

- Vous êtes habilité à arrêtez ces perturbateurs ? Non ? Eh bah circulez, y a rien à voir.

Sans attendre de voir l'effet que ses paroles avaient sur l'élève, elle emboita le pas des professeurs O'Connor et Vilanelle. A la réplique de cette dernier à son intention, ses yeux brillèrent:

- C'est une promesse j'espère.

Plus que l'aventure, c'était les ennuis qu'elle espérait.
Avec beaucoup trop d'enthousiasme, elle enchaina:

- J'ai entendu dire qu'il y avait régulièrement des blessés, voir même des morts.

Etait-ce une bonne nouvelle à ses yeux ? Tout à fait.

Enfin, enfin les autorités agissaient. Toujours avec un train de retard si on puit dire?!!

Nelwyn avança vers l'avant du train avec ses consœurs, dans une agitation un peu plus calme et relative, mais au moins, ils allaient enfin pouvoir enlever l'épine du pied de l'attente de ce départ.

La professeur de métamorphoses écouta d'une oreille la nouvelle infirmière qui parlait de blessés au collège. Avec des élèves ne sachant pas manier une baguette, pas la magie et parfois pas leurs mains, cela n'était pas étonnant. Mais ce n'était pas là le plus important. Pouvait-on parler de sélection? Entre les plus malins et les incapables? Nelwyn s'en moquait, elle n'était pas là pour prendre soin d'eux, juste de leur inculquer un minimum de savoir magique si après ils étaient trop stupides pour voir la différence entre un sort ou un autre, ce n'était pas son problème. Et encore moins les conséquences. Elle n'était pas là pour garder des moutons.

Gérer l'aventure!! Parfois oui. Parfois non. La fois où le jarvey est rentré dans la salle de potion...

En montant dans l'avant du train, son pied trembla d'une certaine appréhension de cette machine de fer. Puis se dirigea vers le wagon qui était mis à disposition des professeurs.
Nelwyn alla vers un ensemble de sièges, proposant quatre places, deux de chaque côté d'une petite table en bois.

Au moins, le confort est là.

dit-elle en s'asseyant dans le large fauteuil molletonneux.

Après cette mascarade...

Nelwyn put enfin enlever son épais manteau de fourrure ainsi que son chapeau. Elle se recoiffa un peu avant de fermer un peu les yeux se lovant dans son siège.

... Par Merlin, qu'on arrive vite.

Nelwyn serra ses poings et attendait que la machine se mette en route. Ce qu'elle fit quelques temps plus tard dans un bruit assourdissant. Cela n'avait rien de rassurant.

D'où venez vous Miss Doudingue?

Demanda Nelwyn pour passer le temps... Plus que pour savoir réellement d'où venait sa nouvelle collègue.

Les yeux dévorant le décor somptueux du train, Zeldina avançait à la suite de sa collègue dans le couloir. Elle lui déléguait le choix de leur destination avec plaisir, toute à sa découverte des lieux et à sa soif dévorante de nouveauté.
Il y avait dans l'air comme une odeur de cire qui lui rappelait sa demeure familiale, aussi ancienne que majestueuse. Le bois et le cuivre qui ornaient l'intérieur du train lui chatouillait la fibre nostalgique avec délice.
La mine réjouit, elle esquissa toutefois une moue déçue alors que le professeur O'Connor tempérait l'affirmation du professeur Vilanelle. Il faudrait que ces deux femmes se mettent d'accord. Y avait-il de l'aventure à Poudlard oui ou non ?!

Je vois, conclue-t-elle d'une voix sibylline, vous êtes plutôt le genre de personne qu'il faut venir voir pour régler les problèmes. Il me reste à trouver qui les provoque.

Pleine d'espoir, elle jeta un regard en coin vers la troisième personne tandis qu'elle prenait place contre la fenêtre. Bien vite, son attention se reporta sur l'extérieur du train. Une fois l'incident passé, les élèves retrouvaient un semblant de discipline et suivaient les instructions d'employés surmenés.

Pourvu qu'ils ne perdent pas nos bagages... murmura-t-elle pour elle-même.

Un instant, elle écouta la question de Nelwynn sans l'entendre. Puis elle se reprit avec un temps de retard et lui répondit avec empressement:

- Afrique. Du sud. C'est là que j'ai grandit. J'étais au Pérou ces dernières années, au service des Magicomages sans peur ni reproche. Les habitants ont un grave problème de dragons sauvages là-bas.

Elle s'exprimait comme s'il n'y avait pas grand chose à en dire.

- Et vous ? renvoya-t-elle à l'assemblée des deux femmes présentes.